Les TCS, tout le monde en parle ! Et ce n’est pas simplement un phénomène de mode : elles apportent bel et bien des solutions techniques, économiques et environnementales !

Pourquoi les techniques culturales simplifiées ?

Au départ considérées comme des solutions de rattrapage ou des accommodements à des phénomènes d’érosion, les techniques culturales simplifiées (TCS) sont devenues des techniques abouties. Elles bouleversent aujourd’hui des habitudes fortement ancrées et peuvent même amener les agriculteurs à reconsidérer totalement les méthodes culturales. Elles ont une place de choix à prendre à côté, voire en substitution des techniques traditionnelles.
Elles découlent de l’observation et de la recherche d’adaptation au milieu naturel et du climat local. Sous nos climats, les précipitations sont supérieures à la consommation des végétaux. Ces techniques favorisent la pénétration de l’eau dans le sol et le remplissage progressif des nappes phréatiques en évitant l’érosion par ruissellement.
Les TCS, par le maintien des résidus de récolte en surface et le respect de la faune du sol (vers de terre, micro-organismes), sont des solutions simples à appliquer répondant aux exigences de nos climats.

Des atouts techniques et économiques

Réduction du nombre de passages et économies de carburants

Enrichissement du sol en matière organique et diminution de la consommation d’azote

Amélioration du fonctionnement biologique du sol et de sa structure

Réduction importante
de l’érosion des sols

Des atouts pour l’environnement

Enrichissement du sol en matière organique.

Diminution de la consommation de carburant et réduction de la pollution.

Moindre sensibilité à la sécheresse (meilleures pénétration et rétention de l’eau dans le sol, meilleure exploration du sol par le réseau racinaire).

À moyen terme, diminution des apports d'engrais azotés.


Limitation des phénomènes d'érosion : le maintien d'un couvert végétal d'hiver protège le sol (effet parapluie).


Grâce à la matière organique, on obtient une meilleure cohésion des éléments physiques du sol, limitant ainsi les coulées de boues.


Les techniques culturales simplifiées répondent aux attentes tant des agriculteurs que des citoyens.
Les agriculteurs y trouvent leur compte en réduisant leur temps de travail et leurs coûts de production et en pérennisant la qualité des sols.

Ces techniques, bénéfiques pour l’environnement, le sont donc pour l’ensemble de la société :
- diminution de l’effet de serre.
- réduction de l’érosion et des inondations.
- réduction de l’utilisation d’engrais azotés.

L’historique des TCS

Le labour est une pratique emblématique pour l’agriculture. La charrue, en permettant le contrôle des mauvaises herbes et l’enfouissement du fumier, est restée longtemps l’outil de base de l’agriculteur.
Mais, les conditions ont évolué et l’augmentation de la puissance de traction a conduit à certains excès qui ont favorisé une érosion aratoire. L’alternance de cultures de meilleur potentiel de production, avec des cycles plus longs, a laissé moins de temps à la préparation du sol.
Certaines successions culturales, comme le blé après le maïs ont naturellement orienté les agriculteurs vers des semis simplifiés. Les sols libérés tardivement par le maïs, avec des conditions d’humidité excessives, ont contraint à réduire le travail du sol, voire à semer directement sans autre façon préalable. Les bons résultats obtenus par ces techniques considérées comme des « rattrapages » ont retenu l’attention de bon nombre d’agriculteurs qui y ont vu une solution intéressante sur le plan agronomique, mais aussi au point de vue économique.

La problématique était différente sur le continent américain confronté à des phénomènes d’érosion importants, que ce soit par le vent en Amérique du Nord ou par le climat tropical très exigeant en Amérique du Sud.
En deux décennies, les pratiques de simplification de travail du sol ont subi de nombreuses évolutions. Partant d’une technique culturale simplifiée sans labour (TCSL), en passant par des techniques culturales simplifiées (TCS), nous sommes arrivés au semis sous couvert végétal (SCV), qui est la technique la plus aboutie aujourd’hui.

La pratique des cultures sous couvert a été initiée en Amérique du Sud. Les taux de matière organique se réduisaient de façon irréversible dans les sols. Les plantes semées entre les cultures ont permis avec leur dégradation d’arrêter ce phénomène et surtout de l’inverser. Elles favorisent l’implantation de la culture directement dans cette végétation en réduisant tout développement d’adventices et conservant au sol une fraîcheur intéressante pour son développement.

En Europe, la composante organique a commencé à faire défaut. Traditionnellement, cohabitaient élevages et cultures sur les fermes, ce qui permettait la gestion d’un cycle équilibré : le fumier issu de l’élevage était la source humique des sols. Les sols céréaliers, sans cet apport organique se sont trouvés naturellement carencés. La seule compensation des trois éléments azote (N), phosphore (P) et potasse (K) montre sa limite à long terme, l’affaiblissement de la valeur fertilisante des sols étant compensé par une augmentation des apports d’engrais minéraux, très coûteux.

L’agronome Claude Bourguignon a été l’un des premiers à réfléchir en France aux TCS (intervenant au congrès de la CR à Combourg en 1998). En comparant un sol de sous-bois (riche de la décomposition des feuilles tombées) avec un sol cultivé, il a mis en évidence l’acheminement vers une stérilisation des sols cultivés par la présence de crevasses et la réduction de la faune de sol.

Les pratiques de travail du sol dans le monde

Les spécialistes recensent 95 millions d’hectares en semis direct dans le monde, dont 25 millions d’hectares aux États-Unis. L’Amérique du Sud aurait 60 % de sa SAU en semis direct. L’Europe est restée à la traîne mais l’Espagne et la France, principalement, sont en train de rattraper leur retard. Les analystes prévoient que dans les années à venir, ces techniques seront majoritaires sur les surfaces mondiales cultivées.

Sur le plan international
Bien que les premiers semis direct se soient déroulés aux USA dans les années 1940, suite au « Dust Bowl », c’est sans conteste l’école sud-américaine qui a participé le plus activement à la compréhension et à l’avancement de ces méthodes culturales. L’agronome chilien Carlos Crovetto, auteur du livre « Les fondements d’une agriculture durable », est l’un des meilleurs spécialistes du semis direct. En tant qu’agriculteur, il a perfectionné cette technique pendant trente ans sur son exploitation, où il a obtenu des résultats spectaculaires.
Au Brésil, en collaboration avec les travaux du Cirad sur la conservation des sols, le chercheur Ademir Calegari, a aussi activement participé à l’étude des couverts végétaux, et à leurs effets sur la consommation d’intrants.

En Europe
Depuis 1999, la Fédération européenne pour l’agriculture de conservation (ECAF) regroupe 15 associations nationales travaillant sur l’agriculture de conservation. La France y est représentée par l’Association pour la promotion d’une agriculture durable (Apad). De multiples groupes d’agriculteurs informels se sont constitués autour de ce sujet de travail.
La demande est forte de la part des exploitations de grandes cultures que ce soit en Espagne, au Portugal, mais aussi parmi les nouveaux États membres au sein desquels des exploitations céréalières sont en train de se restructurer.

En France
Les pratiques de simplification du travail du sol n’ont pas trouvé l’écho qu’elles auraient dû avoir au sein de la recherche et du développement. L’interprofession céréalière s’est montrée très réservée à leur égard en leur reprochant de contribuer à l’augmentation des taux de mycotoxines.
Aujourd’hui, la majorité des exploitations agricoles seraient en réduction de travail du sol. Peu en sont à pratiquer les SCV. La remise en cause du travail du sol est plus facilement pratiquée sur les cultures d’hiver, à cycle long, que sur les cultures estivales comme le tournesol ou le maïs où les solutions connues en matière de TCS demeurent liées à des adaptations des outils de semis.
Pourtant, le réel succès des premiers « pionniers » attire de plus en plus les agriculteurs vers ces procédés. Ils y voient une évolution satisfaisante de leurs pratiques, répondant bien au contexte actuel.
L’Apad, le NLSD, la Fédération nationale pour une agriculture de conservation des sols et Bretagne, Agriculture Sol Environnement sont les associations moteurs du développement d’une agriculture durable en France. Apad et NLSD sont associées avec des agriculteurs et des constructeurs au sein de l’Institut de l’agriculture durable, créé en 2008.
Parmi les experts nationaux, Frédéric Thomas, rédacteur en chef de la revue TCS, est un des leaders de ces méthodes.

Le glyphosate, une controverse récente et pénalisante pour les TCS

Le développement des cultures sous couvert est lié à l’utilisation du glyphosate, un herbicide total à faible coût qui permet de détruire après semis, la culture intermédiaire.

Le retrait de cette matière active tel qu’il est envisagé aujourd’hui serait handicapant pour cette technique d’implantation car il n’existe pas de solution de remplacement satisfaisante. Les rouleaux Faca, ou rouleaux à barres, développés au Brésil ne sont pas adaptés à la destruction des couverts dans nos conditions.