2018 – Le festival NLSD fête ses 20 ans !

Les démonstrations de matériels ont ponctué la journée : semis, destruction de couverts au rouleau Faca… Une vingtaine de constructeurs étaient présents. Les nouvelles technologies n’étaient pas en reste, avec notamment les démonstrations de drones, et les quelques 2 000 visiteurs – dont 5 cars de bus de lycées des alentours – ont pu en profiter.
Les visiteurs ont pu participer à des ateliers pédagogiques, avec vitrine de couverts et profils de sols, présentés par le service Agronomie de la Chambre d’agriculture, du colza associé présenté par Terres Inovia, des betteraves semées en direct avec l’ITB.

Les partenaires des agriculteurs étaient présents : banques, assurances, syndicat, fournisseurs d’intrants en lien avec l’agriculture de conservation (fertilisation, équipements), Fédération de chasse…

Un cycle de conférences de haute qualité était également proposé. Les intervenants ont tordu le cou à certaines idées reçues :
– oui, un couvert peut rapporter bien plus que son coût de semis ;
– oui, les couverts multi-espèces offrent plus d’avantages qu’une moutarde seule et diminuent le rapport C/N, consommant trop de carbone du sol s’il est élevé ;
– oui, un couvert sera d’autant plus efficace qu’il sera semé tôt (avant le 15 août – après, le couvert est purement « réglementaire ») ;
– oui, des solutions existent pour contrôler les adventices (allélopathie, couverts permanents, associations de cultures…) mais tout cela est à penser dans une approche « système »
– non, les sols ne sont pas morts, seulement en sommeil et peuvent reprendre vie après quelques années de conservation ;
– oui, une légumineuse pure piège aussi de l’azote déjà présent dans le sol, quoiqu’en dise le programme d’action de la directive nitrate ;
– oui, la conservation des sols permet de pallier aux tassements provoqués par les passages de matériels, les couverts augmentant le nombre de fissures et galeries de vers de terre ;
– oui, la télédétection permettrait de faciliter la rémunération du stockage de carbone par les agriculteurs de conservation, le satellite trouvant ici un usage utile et non plus seulement répressif.

Les interventions

Thierry Ghewy (Sol, Innovation, Agronomie)

Il a rappelé que « l’agriculteur est un gestionnaire de services environnementaux au service de l’humanité » et que le sol, s’il était préservé, rendait de nombreux services écosystémiques. Il y a ainsi plus de biodiversité en conservation des sols que sous une bande enherbée. Un sol en bonne santé contient davantage de champignons utiles à la dégradation de matières organiques et moins de bactéries et champignons pathogènes (rendant le recours à la chimie obligatoire). Mais pas de panique : les sols ne sont jamais « morts », quoiqu’en disent certains ; ils sont « en sommeil » et la situation est toujours réversible mais si cela peut prendre des années.
SIA est un réseau où l’information se transmet d’agriculteur à agriculteur, à l’inverse d’un système pyramidal chapeauté par un technicien. Certains agriculteurs sont à la pointe de l’innovation : soc déchaumeur à patte d’oie (pour contrôler les vivaces et réduire la consommation de glyphosate), nouvelle machine pour implanter des betteraves en culture simplifiée, essais de couverts multi-espèces…

Léa Thomas (département 51)

Il existe bien d’autres couverts que la moutarde, qui peut certes capter jusqu’à 80 unités d’azote. Léa Thomas a mis au point un concours de couverts multi-espèces (jusqu’à 12 espèces en mélange !). Intéressante, la démarche permet de changer le regard porté sur les couverts, qui ne doivent pas être seulement vus comme une contrainte réglementaire (CIPAN, SIE) et de mettre en lumière les initiatives des agriculteurs dans ce domaine. Et surtout, un bon couvert peu rapporter bien plus que son coût de semis (d’ailleurs pas si élevé). Enfin, la sécheresse limite leur croissance et le challenge n’en est que plus intéressant !

Paul Robert (APAD)

Pour gérer durablement les adventices, il faut une approche système, qui varie selon les conditions pédoclimatiques. Les adventices sont des plantes bio-indicatrices : par exemple, le chiendent indique une carence en calcium (travaux de Gérard Ducerf).
Pour limiter le risque de levée des adventices, mieux vaut ne pas les enfouir et implanter des couverts végétaux (produire pour concurrencer, par blocage de la lumière).
Autre méthode, l’allélopathie, encore trop peu connue (travaux de Judith Wirth). Il s’agit de la libération de substances chimiques par certaines plantes limitant la croissance d’adventices (ex : sarrasin luttant seul contre l’amarante réfléchie).
Il a enfin balayé toutes les méthodes testées, avec plus ou moins de succès : augmentation de la densité de semis (risque de maladie, de verse), semis de blé ultra-précoce (risque de virose et apport d’azote avant hiver nécessaire mais interdit par la directive nitrates), couvert permanent (semis de blé dans une luzerne), doubles ou triples cultures (décalage entre les dates de maturité), lutte mécanique (rouleau faca/cambridge, broyeur, scalpeur, écimeuse), lutte thermique (utilisée en AB mais pour quel coût environnemental), désherbage électrique (utilisé au Brésil), désherbage robotique…

Victor Leforestier (BASE)

Plus les couverts sont semés tôt, plus ils produisent de biomasse : 2,8 tonnes de matière sèche pour un couvert semé au 13 août contre seulement 0,9 tonne s’il est semé au 3 septembre.
Il faut aussi savoir qu’un trèfle d’Alexandrie en couvert pur piège aussi de l’azote déjà présent dans le sol. Les programmes d’action régionaux nitrates interdisant les couverts de légumineuses pures sont donc à coté de la plaque ! Quoiqu’il en soit, il y grand intérêt à mélanger les espèces car chacune mobilise des éléments différents (N, P, K, Ca, Mg, etc.).

Jean-Luc Forrler (Vivescia)

Il a abordé le rapport C/N qui doit être le plus faible possible au moment de la destruction du couvert. Une crucifère seule a un C/N d’environ 25, ce qui accroit la consommation de carbone du sol. Si l’on y ajoute une légumineuse, cela abaisse le rapport C/N du couvert. Il préconise des couverts associant au moins une légumineuse, une non-légumineuse (ex : crucifère) et ce qu’il qualifie de « stabilisateur » (ex : phacélie).
Lui aussi insiste sur la nécessité d’implanter tôt : au-delà du 15 août, le couvert n’est plus « agronomique » mais uniquement « réglementaire ».
Enfin, ne pas oublier les plantes compagnes, 4 fois plus efficaces qu’un insecticide haut de gamme ! Un trèfle blanc semé à 2 kg/ha avec du colza limite les adventices. Laissé dans le blé qui suit, il augmente son rendement, avec 100 unités d’azote en moins ! Même si cela ne marche pas tous les ans, le semis de trèfle ne coûte que 15 €/ha. Le jeu en vaut la chandelle !

Vincent Tomis et Romain Crignon (Agro-transfert)

Ils différencient le tassement superficiel (que l’on peut rectifier) du tassement profond (peu réversible). Ils démontrent chiffres à l’appui qu’il vaut mieux fait plusieurs passages en charge légère (tonnage par essieu limité) qu’un seul passage en charge lourde. La pression de gonflage doit être modérée pour augmenter la surface de contact avec le sol (surface d’empreinte), le tassement affectant sensiblement le rendement de la culture (jusqu’à -15t/ha en pomme de terre).
Il est aussi démontré que la porosité verticale (fissures et galeries de vers de terre en agriculture de conservation) augmente la résistance au tassement. En année humide, le tassement de surface provoque une asphyxie racinaire. En année sèche, les racines sont bloquées dans leur descente par le tassement profond. L’intérêt des couverts est qu’ils contribuent à perforer l’horizon tassé et à améliorer la pénétration des racines et de l’eau.

Luis Moreno et Miguel Barnuevo (Asalbac)

Respectivement ingénieur et de l’Asalbac, une association espagnole pour l’agriculture de conservation dans la région d’Albacete (Espagne) ont présenté une démarche innovante permettant la prédiction des besoins en eau et la détection par satellite des parcelles cultivées en conservation des sols, par interprétation du rayonnement infrarouge (en l’occurrence, indice NDVI, plus élevé pour les sols non labourés et à couverture végétale mais il existe d’autres indices).
Ils militent auprès de la Commission européenne pour faire subventionner le stockage de carbone dans les sols. Leur technique permettrait une gestion très facile d’un système d’aide ciblé aux parcelles en conservation des sols. Ils précisent que de toute façon, la Commission effectue déjà des contrôles par satellite, à notre détriment. Autant que cela serve à rémunérer le service environnemental (contrôle plus « utile » que « répressif »)…

Résultats du jeu-concours
de la Coordination Rurale

Une quarantaine de participants a su trouver les 16 bonnes réponses !
Le tirage au sort a désigné les gagnants suivants :
► Premier lot : Appolin Thomas
► Second lot : Céline Tardieux
► Troisième lot : Serge Guillaume
Bravo à eux et à tous ceux qui ont tenté leur chance !
Non labour et semis direct 2018 - Réponse question 1
Non labour et semis direct 2018 - Réponse question 2
Non labour et semis direct 2018 - Réponse question 3