2e Festival National en Eure et Loir
Le 2e festival de Non Labour et de Semis Direct organisé par les JACR s’est déroulé le 26 Août 2000 sur l’exploitation de Bertrand Courtois (JACR d’Eure-et-Loir). Il a tenu toutes ses promesses en alternant démonstrations et interventions agronomiques. Cette journée a rassemblé plus de 600 personnes intéressées par les Techniques culturales simplifiées.
Le festival a débuté par une vidéoconférence animée par Philippe Granval de l’ONF sur le rôle essentiel des vers de terre dans la structure du sol et la formation de l’humus. A suivi la présentation à l’arrêt de tous les matériels. Ceci a été l’occasion pour Bernard Rémy assisté d’Alexandre Dournois (techniciens machinistes) de décrire en détail chacun des outils présents :
Travail du Sol : Herse Gates Magnum (ECO MULCH), Smaragd 9 (JF LEMKEN STOLL), Flachgrubber (HORSCH), RS Carrier Disc (VADERSTAD).
Semoirs : Orion 3000 (AGRAM), Pronto 3 et Sem Exact (HORSCH), Novaflex (PERREIN), Patosem (Monsieur PATAULT), TDNG 250 (SEMEATO), Rapid 300 (VADESRTAD), Unidrill W 400 (SULKY), AT 300 (GEMAP KOCKERLING)…
Sur le festival, étaient également présents une exposition de vieux tracteurs et de nombreux autres exposants et partenaires (TMCE : minéralisation des animaux et fertilisation des sols, Banque Populaire, Crédit Mutuel, Point S : les pneumatiques agricoles, Tradorama.com : achat et vente de matériel d’occasion sur le web, Agriprogress : éléments de semoir, association départementale des chasseurs de petit gibier d’Eure-et-Loir, TCS : la revue sur les techniques culturales simplifiées, des producteurs de produits régionaux). A signaler également que les rédacteurs de plusieurs journaux avaient fait le déplacement.
Après un repas très convivial, Frédéric Thomas (rédacteur en chef de la revue TCS) nous fit la lecture d’un profil cultural qui permit de retracer l’historique de la parcelle (labour, non labour, précédent cultural, semelle de labour, enracinement, structure du sol…).
L’après-midi a été consacrée à la démonstration de chacun des outils. Les semoirs étant approvisionnés en semences traitées ; ceci a permis à chacun de se faire une idée de la qualité du travail des différents outils sous couvert végétal (maïs, sorgho) pour certains et ensuite, sur un précédant blé, puis colza, en semis direct ou après un passage de cover-crop, smaragd, herse Gates Magnum.
Face à des charges et une pression environnementaliste croissantes, ces techniques sont une réponse possible. Elles sont plus écologiques car elles nécessitent moins de passages, préservent l’harmonie de la vie microbienne du sol et limitent l’érosion en conservant un couvert végétal. Elles sont moins coûteuses car elles permettent de faire une économie de fuel et de réduire les engrais en travaillant moins le sol.
Cette fête des JACR devait aussi comme il se doit donner cours à quelques interventions syndicales, peu longues et « bien senties ».
Dominique Pilet, président des Jeunes, fut bien obligé de constater l’échec de la politique actuelle d’installation, résultat logique des « erreurs » accumulées depuis plusieurs décennies par le CNJA et la PAC.
« Si l’on veut réellement des installations, il faut donner des perspectives d’avenir aux jeunes. Seule une politique de prix rémunérateurs sera efficace pour mener un projet à son terme. Il faut redéfinir la capacité professionnelle et arrêter d’éliminer des candidats valables parce qu’ils n’ont pas les diplômes « suffisants » ! L’expérience est un critère tout aussi valable. Le projet de la JACR pour l’installation permettrait d’installer de nombreux jeunes. La meilleure preuve de sa valeur, c’est que certains, sans doute à court d’idées, y puisent quelques emprunts (non rémunérés !) ».
« Des prix et non des primes »
Nicolas Jacquet, président de l’OPG, fustigea la modulation et les options catastrophiques de la PAC qui en malmenant encore les oléagineux accroît le déséquilibre de nos productions et nous éloigne toujours plus de l’autosuffisance alimentaire. Des prix et non des primes.
François Lucas, président de la CR, posa une question fondamentale : « Le progrès est-il au service de l’homme ? A quoi bon mettre au point de nouvelles techniques si elles ne servent qu’à permettre la fuite en avant vers la baisse des prix, l’agrandissement et la disparition des paysans ? »
Le président national jugea sévèrement la PAC actuelle :
« En supprimant tout rapport entre nos prix de vente et nos coûts de production et en instituant des aides compensatoires, ils nous ont d’abord volé notre dignité. Par les contrôles, ils nous ont enlevé notre liberté. Par les taxes, la modulation… ils nous volent notre revenu.
Tout cela ne peut durer. il faut reprendre en mains notre appareil professionnel et nos chambres d’agriculture. Imposons notre logique : celle d’une agriculture faisant vivre dignement ses paysans par des prix normaux… et alors nous donnerons aux jeunes l’envie de s’installer. »
« Ti laboures, Ti laboures pas, Ti crèves quand même ! »
Jacques Laigneau, chargé de conclure de façon dynamique, abonda dans le même sens : « Ti laboures, Ti laboures pas, Ti crèves quand même ! Avec des prix pareils, la technique ne suffit plus : il faut se battre ! Nous sommes les gens les plus utiles et l’on nous dépouille et réduit à l’esclavage. Nous sommes en situation de légitime défense. Mettez-vous bien dans la tête que l’on tond les moutons, mais pas les loups ! »